Ça fait un petit bout de temps que je n’ai pas fait un «top» de quelque chose et comme j’adore la musique chantée par des filles, j’ai eu envie de faire un «top 9» (ben oui, tout pour faire différent) de mes chanteuses préférées. Bon, je vous entends d’ici (et peu importe l’endroit où je me trouve, je vous entends pareil):
- Il va prendre des chanteuses à voix!
Oui, mais des chanteuses qui ont aussi une personnalité, car des chanteuses à voix impersonnelles sont légion (à commencer par notre Céline nasillarde nationale que bien des gens n’aiment que par patriotisme). Oui, Mariah Carey a une voix qui couvre huit octaves; oui, Withney Huston se faisait appeler The Voice; et on pourrait parler aussi de Christina Agliera ou de Alicia Key; mais, à mon humble point de vue, elles ne sont (était dans le cas de Withney Huston) que des divas folles et capricieuses qui chantent de la scrap préfabriquée propice à d’interminables pseudo-prouesses vocales racoleuses et cheap. Une chanteuse n’est pas qu’une voix qui répète machinalement des insipidités commerciales, ça prend du vécu, de l’émotion et du caractère (tout ce que Marie-Hélène Thibert n’a pas). Mais trêve de bitcheries, place aux déesses. (À noter que l’ordre d’écriture est purement aléatoire.)
Anne Wilson de Heart
Pour beaucoup de monde, le groupe américain* Heart rime avec groupe de rock commercial avec des pitounes. Mais avant de faire beaucoup d’argent dans les années 80, le groupe a fait beaucoup de musique dans les années 70. Si bien des hommes bavaient devant la très sexy guitariste Nancy Wilson (maudits hommes, bande de salauds), sa sœur Anne avait une voix d’une rare puissance et d’une extrême beauté. À l’aise autant dans les ballades que dans le gros rock de guitare, Anne Wilson sait comment livrer la marchandise. Si CHOM-FM nous a servi les éternelles Crazy on You ou Barracuda, c’est dans Mistral Wind ou la ballade Dog and Butterfly qu’elle me subjugue le plus. Et à 62 ans, elle pousse encore la chansonnette.
Dioni de Astyplaz
Astyplaz est un groupe électro-lounge grec qui peut compter sur la voix chaude et sensuelle de sa chanteuse Dioni. La voix de Dioni semble être un cocon réconfortant dans lequel on se laisse bercer, que ce soit dans Zaira ou dans Orpheus and Eurydice (où la douceur de sa voix fait contrepoids à la voix masculine extrêmement grave… et pas toujours juste). Tant dans des toniques graves ou aiguës, la voix de Dioni reste cristalline. À noter qu’elle se démarque aussi des autres chanteuses en n’étant pas un canon sexy et que ses lunettes sont aussi monstrueuses que celles de sa compatriote Nana Mouskouri.
Sharon Den Adel de Within Temptation
Dans le monde fascinant du métal, j’affectionne particulièrement le gothique symphonique (mélange de métal et de classique sur des thèmes mystiques avec des chanteuses qui ont souvent des formations classiques). Et dans le «goth» (comme on dit dans notre langage d’initiés), Within Temptation est un poids lourd. Originaire des Pays-Bas (comme le sont d’autre groupes gothiques tels Epica, Delain et After Forever; pour ne nommer qu’eux), le groupe est devenu un leader de ce style musical grâce à d’excellentes compositions et, bien sûr, à la superbe voix de Sharon den Adel. (On pourrait aussi ajouter son charisme et son physique pas désagréable du tout, mais je vais encore passer pour un salaud de phallocrate!). Quelle soit haut perchée comme dans Angels ou plus rock comme dans Stand my Ground, qu’elle chante des ballades comme Memories ou des hymnes puissants comme The Howling, la voix de Sharon den Adel demeure envoûtante. La chanson The Cross est un bel exemple de son savoir faire. De plus, elle a participé à une chanson du DJ Armin van Buuren, In and Out of Love. Malheureusement, comme bien d’autres chanteuses gothiques, elle bouge et danse comme une envie de chier.
Tarja Turunen
Dans le monde du gothique symphonique, Tarja Turunen est littéralement une déesse, une mère de tous les anges, un phare qui brille dans la nuit et qui sert de point de repère à la fois pour la naissance et la mort de chaque individu qui vogue dans le Nirvana. (Bon, j’en mets un peu, mais au moins vous savez qu’elle est admirée de tous…) Elle s’est fait connaître au sein de la formation finlandaise Nightwish. Depuis, elle a été remplacée par une chanteuse d’origine suédoise qui s’appelle Anette Olzon et dont le chant rappelle le son d’un pet de marmotte malade. Je ne sais pas quelle a été la motivation du groupe de renvoyer Tarja (rupture amoureuse avec le claviériste? Jalousie des autres membres du groupe? Incapacité du guitariste de dépasser les 5’2’’ ? Les paris sont ouverts.), mais bien des fans ne leur ont pas pardonné. Depuis, elle fait cavalière seule sous son prénom (Tarja) et nous a offert de superbes pièces telles Die Alive, Minor Heaven ou The Reign. Tout comme Sharon den Adel, lorsqu’elle fait mine de danser, on a envie de lui offrir une banane pour qu’elle se calme un peu.
Skin de Skunk Anansie
Lorsque nous nous sommes mariés, ma conjointe et moi (eh oui, nous sommes maritalement engagés l’un à l’autre et, pourtant, je continue à l’appeler «ma blonde»), on a demandé à quelques amis s’ils voulaient qu’on monte un show pour l’occasion (ma blonde chante plutôt bien, mais, surtout, avec passion et, moi, je tapoche sur une basse tout en criant dans le micro). Quand nous cherchions des chansons qu’elle pourrait chanter, je lui ai proposé I Can Dream de Skunk Anansie. Elle m’a répondu qu’elle n’avait pas assez souffert dans sa vie pour pouvoir chanter comme Skin. Ma conjointe n’a jamais dit aussi vrai (sauf, peut-être, lorsqu’elle dit que je suis le conjoint parfait), car c’est exactement ce qu’on ressent en entendant Skin, un animal traqué et abusé jusqu’au désespoir qui se venge en nous détruisant les oreilles à coup de masses. (Coudons, j’suis ben poétique, à soir!!!) Il faut dire que le groupe britannique parle beaucoup de racisme (Intellectualize my Blackness) du fanatisme d’extrême droite (Little Baby Swastikkka), d’abus (100 Ways to Be a Good Girl) et de toute autre souffrance (Charlie Big Potato). Une tonne de briques dans lesquelles pousse une fleur couverte d’épines.
Tori Amos
China et Winter de Tori Amos ont été, pour moi, des hymnes de peine d’amour. Il faut dire que, comme Kate Bush qui l’a précédée ou Regina Spektor qui l’a suivie, Tori Amos est une compositrice extrêmement talentueuse. Ses chansons sont à la fois douceur, souffrance et intelligence. Si, à ses débuts, on sentait un certain message féministe, il s’est radicalisé en milieu de carrière à la limite de la «pro-castration». Mais, depuis quelques années, son message s’est adouci un peu, le passage à la maternité y est probablement pour quelque chose (comme pour la très belle Ribbons Undone) en plus de délaisser les chansons épurées du type piano/voix pour y aller d’arrangements plus complexes. Je ne peux pas vous énumérer ses plus grandes réussites (il y en a trop), mais citons Digital Ghost (que ma blonde chante merveilleusement bien), A Sorta Farytale, Bouncing off Cloud, Wednesday… j’arrête ici. Une grande artiste.
Shlomit Levi de Orphaned Land
Ironiquement, Shlomit Levi est une choriste pour le groupe israélien Orphaned Land. Mais, comme j’ai un gros faible pour les voix féminines du Moyen-Orient (depuis ma découverte de la regrettée Ofra Haza) et que j’adore le métal, lorsque j’entends le refrain de Sapari, je suis profondément troublé. Une grande révélation. Aussi à écouter: New Jerusalem. Elle a collaboré avec divers artistes en plus d’avoir une carrière solo.
Elize Ryd de Amaranthe
Selon bien des métaleux purs et durs, Amaranthe ne vaut pas plus qu’un déchet toxique. Trop commercial, trop moumoune, trop mélodique, etc., ce ne sont pas les reproches qui manquent envers le sextet dano-suédois. Mais, à mon humble point de vue, le groupe reste efficace et polyvalent (1,000,000 Lightyears, Hunger). Et je craque pour la voix d’Elize qui est à la fois puissante et mélodique. (Une Anne Wilson en devenir?) Évidemment, en tant que chanteuse métal, elle souffre de l’éternel mal qu’est l’absence d’esthétique dans ses mouvements. D’ailleurs, sa simili chorégraphie dans Amaranthine (ze power ballad) est un summum de ridicule. Et pour ce qui est des puristes, il est difficile de comprendre comment ils peuvent traîner dans la boue un groupe certes commercial, mais de talent en comparaison du très médiocre groupe canadien Nickelback (qu’on peut considérer comme la gastro du rock).
Azam Ali
J’ai découvert Azam Ali (une autre sublime voix moyen-orientale) avec le premier disque du trio Niyaz ; ma blonde me l’avait acheté pour un de mes anniversaires en étant convaincue que j’aimerais. Force m’est d’admettre que ma blonde (ou conjointe ou épouse) est la personne qui me connaît le mieux au niveau musical. Cette magnifique voix alliée au mélange de traditionnel et de moderne m’a séduit avec le premier album du groupe (Dilruba, Golzar), leur deuxième (Beni Beni) et ses albums solo (Abode, Spring Arrives). Comme avec les autres chanteuses précédemment mentionnées, ce sera une autre histoire durable.
Chabouette
*Bien des gens s’imaginent que Heart était un groupe canadien venant de Vancouver. En fait, le groupe venait de Seatle, mais s’était réfugié au Canada pour éviter aux membres masculins du groupe d’aller au Vietnam.